Musique de Christofer Bjurström et Vincent Raude
interprétée en direct pendant la projection
1917 est une année charnière dans la guerre de 1914-1918, notamment grâce à l’entrée en guerre des Etats-Unis. Pour s’en souvenir et raviver cette mémoire, la cinémathèque de Bretagne restaure de nouvelles images d’origine américaine montrant le débarquement à Brest, et la vie autour de Brest des soldats américains arrivés en 1917 et 1918.
Ces images magnifiques et émouvantes, qui nous plongent dans une nuance particulière de la guerre de 1914, ont aussi un formidable pouvoir d’émotion pour celui qui regarde ces images actuellement.
Dans ce montage, autant de témoignages, à la fois des « grands » événements, et de la vie de tous les jours des soldats américains.
Des images maritimes : le cuirassé américain USS Pennsylvania, le paquebot USS Georges Washington, la visite du Président Wilson.
Des images de la base américaine d’hydravions, installée à la sortie de l’Aber Wrach.
Des images de la vie de tous les jours : des soldats américains dans les rues de Brest, la construction de hangars. Les soldats noirs refaisant la route, quelques-uns dansant pendant la pause….
Les soldats loin de chez eux. L’enterrement d’un soldat américain. Une immersion dans le quotidien, dans le passé, d’une grande force émotionnelle.
Scruter la mémoire, voyager dans le temps, effleurer, dévoiler les traces sonores et visuelles, voilà le propos de la musique. Pour nous qui n’avons pas vécu cette période, il s’agit à la fois d’un voyage imaginaire, (fondé sur l’empathie et la solidarité humaine, même avec ce décalage du temps), et réel, car basé sur des images authentiques. Mais notre regard est distant, et il s’agit bien pour nous d’assumer cette distance en appréhendant ces images avec notre sensibilité d’aujourd’hui.
C’est pourquoi ce choix d’instrumentation (piano et électronique) nous paraît juste : jouer sur la mélodie, les sons, le son concret et « historique », le son abstrait et « émotionnel », l’écho des sons, la spatialisation, le va et vient entre ces deux instruments orchestraux. Utiliser les traces, les vestiges, les citations de mélodies oubliées.
Il s’agit aussi d’explorer le lien d’une part avec l’histoire tout court, d’autre part avec l’histoire de la musique (l’arrivée du jazz, et le lien entre cette musique et le développement de l’industrie du disque). En effet, par un curieux hasard, 1917, date de l’entrée en guerre des Etats-Unis, et donc de l’envoi de troupes en France, est aussi la date de l’enregistrement du premier disque de jazz (par des musiciens blancs…..).
Ce croisement est dans la logique de ce travail sur les traces ; traces sonores, traces visuelles, archives ouvertes, création sonore et musicales.